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Une lettre de Louis Pasteur, preuve d’une collaboration réussie avec la Seine-et-Marne

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Pris de face, le regard franc, les cheveux grisonnants et les traits marqués par le temps, Louis Pasteur porte une veste et un nœud papillon. De ce portrait émane une figure d’autorité et d’expérience, appuyée par la reproduction de la signature du grand biologiste français. Cette photographie est une publicité comme l’indique la mention “offerte par Monsieur Deschiens”. Victor Edmond Deschiens, un ingénieur pharmacologue, commercialisa en 1895 le sirop à l’hémoglobine. Il fit reproduire une série de clichés de grands scientifiques pour la promotion de ses produits, dont l'image de Pasteur - devenue un symbole de sérieux scientifique.

Transcription : Paris le 11 juillet 1881 / Monsieur le Préfet / Vos très gracieuses félicitations me font grand / plaisir et je transmettrai ce soir à MM Chamberland / et Roux celles que vous leur adressez. Ils sont partis / ce matin pour Montereau où, en compagnie / de Mr Rossignol ils vont vacciner quatre / très nombreux troupeaux. Nous pouvons à peine / suffire à la préparation d’un virus vaccin / et si, comme j’en ai la confiance, le résultat / de la campagne est satisfaisant, il faudra / que j’avise à la construction d’une véritable / petite fabrique dès la rentrée prochaine. Ce sera / certainement facile et prompt. // C’est moi, Monsieur le préfet qui me félicite / vivement d’avoir fait votre connaissance / à l’occasion de l’expérience de Pouilly-le-fort. / Tout est solidaire. Un département bien administré / a des sociétés éclairées et d’initiative pour le bien / général. Je suis donc votre obligé et c’est dans / ces sentiments que je vous prie d’agréer / l’expression de ma vive et respectueuse sympathie.//L. Pasteur

Journal L’Illustration du 3 novembre 1883
La maladie du charbon touche surtout les moutons. Elle donne des plaies sur les mains et le visage aux personnes qui travaillent avec les peaux d’animaux morts de cette maladie. De plus, cette mortalité a un coût économique important, car les troupeaux peuvent être décimés. Pasteur travaille à la mise au point d’un vaccin. Mais il faut mener des expériences à grande échelle pour valider les hypothèses de travail.
En Seine-et-Marne, Hippolyte Rossignol est un vétérinaire melunais très actif. Il écrit dans une revue spécialisée, La Presse vétérinaire, et a eu connaissance de ses travaux. Il souhaite que Pasteur accepte une expérience de vaccination publique en Seine-et-Marne. La demande est faite par l’intermédiaire du baron de La Rochette, président de la Société d’agriculture de Seine-et-Marne. Pasteur accepte la proposition. Il vient 3 fois à Pouilly-le-Fort au mois de mai 1881 dans la propre ferme d’Hippolyte Rossignol pour procéder à l’inoculation. L’opération est un succès. Elle se poursuit alors dans le reste du département puisque les assistants de Pasteur, Chamberland et Roux se rendent à Montereau en juillet 1881 pour vacciner d’autres moutons, selon les termes de la correspondance.
La lettre acquise par les Archives départementales montre la satisfaction du biologiste quant au résultat des premiers tests de Pouilly-le-Fort. Elle révèle les projets de Pasteur qui envisage la construction d’une fabrique pour préparer des vaccins en grande quantité. Enfin, elle témoigne d’une collaboration constructive entre Pasteur et la Seine-et-Marne puisqu’il conclut sa lettre par un compliment au préfet, Charles Patinot, pour la bonne administration de son département et salue l’esprit novateur qui y règne.
- Lettre autographe signée de Louis Pasteur à Georges Patinot, préfet de Seine-et-Marne, Paris, 11 juillet 1881, 1 page. Cote : J1292
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