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Culture & loisirs
Née en 1963 à Nantes, Sylvie Guiot a suivi des études à l'École des Métiers d'Art Olivier de Serres à Paris. Son travail est exposé dans plusieurs galeries en France, en Italie et en Lituanie.
Plusieurs institutions publiques ont également présenté son travail, telles que le Ministère de la Culture et les Archives départementales d'Eure-et-Loir.
Elle vit et travaille à Paris.
Après s'être livrée à la peinture pendant 10 ans, Sylvie Guiot entame en 2003 un travail de recyclage de ses toiles. Ses matériaux de prédilection deviennent alors le tissu, la ficelle.
Elle explique : « Ces peintures représentaient dix années de travail et j’avais trouvé enfin un moyen de les réhabiliter ». Les toiles, une fois enduites, pliées, assemblées, ficelées, sont empilées; et façonnées en petits paquets, comme autant de livres muets.
La rencontre de cette œuvre, Les Livres muets , avec les Archives départementales est expliquée par Isabelle Rambaud, conservatrice générale du patrimoine, directrice des Archives, du Patrimoine et des Musées départementaux : « Dans l’œuvre de Sylvie Guiot, le temps prend forme. Le temps a passé mais rien n’est détruit. La trajectoire est celle de la pérennité. On protège, on empaquette. J’ai aimé ce côté précieux, l’empilement d’un temps. Bien sûr, nos objectifs divergent mais notre démarche, aux Archives départementales, est similaire : transmettre, offrir aux visiteurs une matière vivante transformée. »
“Livre” , parce que ces petits volumes, constitués de feuillets assemblés et ficelés, ne sont pas sans l’évoquer, le livre. En mémoire, une photo : Des manuscrits népalais anciens, des feuilles de papier jauni, non reliées, enserrées entre deux couvertures de bois, le tout maintenu par une bande de tissu coloré.
“Muet” , et même deux fois muet. Car le livre étant par définition « un assemblage d’un assez grand nombre de feuilles portant des signes destinés à être lus », ici, nulle trace de texte. Et si l’on sait que les feuillets ont été découpés/déchirés dans la toile de mes anciennes peintures mises au rebut, qu’ils ont ensuite été peints de ce brun-kaki occultant, apparaît alors un deuxième niveau de perception.
Les Livres muets détiennent un secret, sont porteurs d’une mémoire, sourde, silencieuse, muette, à jamais enfouie. Ces livres s’inscrivent dans une entreprise de recyclage de mes propres “ déchets ”, entamée il y a quelques années, parallèlement à d’autres travaux. Ils satisfont mon goût de l’économie, du « ne rien perdre », du « faire avec ce que l’on a », mon goût pour le rassemblement, le stockage, la densité, l’unité dans la multitude, 1+1+1…+1 = 1, le « mono », monolithe, monomanie…
Ils sont, enfin, (ma) une manière d’écriture, ersatz d’œuvre littéraire ; ils sont ma Comédie humaine, mes Rougon-Macquart, ma Recherche du temps perdu … mes mimodrames ensevelis …
Sylvie Guiot