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Lola Trin a débuté son cursus universitaire d’histoire de l’Art et d’Archéologie à l’université de Poitiers. Elle a ensuite poursuivi ses études au sein de l’université Paris IV – La Sorbonne où elle a obtenu un diplôme d’études approfondies (D.E.A.) d’Archéologie gallo-romaine.
Depuis 2008, elle y prépare un doctorat dans le cadre d’un programme de recherche portant sur l’histoire et l’archéologie de la Gaule romaine, avec le soutien du Service Archéologique et du musée municipal de Melun et des données récoltées par le GRAM (Groupe de Recherche Archéologique Melunais). Par ailleurs, elle participe, à titre bénévole ou professionnel, à des fouilles archéologiques et des études céramiques de sites antiques depuis plusieurs années.
J’étudie les céramiques gallo-romaines produites dans les ateliers de potiers de Melun ( Metlosedum en latin) au cours du Haut-Empire. Dans un premier temps, il s’agit d’analyser les céramiques découvertes pour déterminer leurs caractères techniques et morphologiques (argiles utilisées, formes réalisées, etc.). Ensuite, je dois cerner la diffusion des vases melunais pour comprendre à quelle échelle et pour qui ils sont commercialisés : sont-ils destinés à une clientèle seulement locale ou à une population plus lointaine ?
Au Haut-Empire, la ville de Melun se dote d’importants centres artisanaux, localisés en périphérie des habitats, ce qui contribue à son essor économique. Les ateliers de potiers constituent alors des centres artisanaux et commerciaux de première importance. Actuellement, cinq sites archéologiques d’ateliers de potiers antiques sont avérés ou supposés à Melun. La plupart a fait l’objet de fouilles depuis les années 1970.
Il s’agit principalement de vases de service, utilisés pour présenter et consommer aliments et boissons (cruches, bouteilles, coupes). Ce sont des céramiques fines et soignées. On compte aussi des céramiques communes, de facture plus grossière : quelques vases culinaires, utilisés pour la préparation des denrées alimentaires (bols, vases carénés ) et de la vaisselle servant au transport et au stockage (amphores régionales).
Les céramiques sont fabriquées à partir de l’argile siliceuse extraite des sous-sols géologiques locaux. Celle-ci est séchée, puis concassée et broyée afin d’enlever les impuretés. Elle est ensuite pétrie (souvent avec les pieds) et battue à la main. Enfin, des dégraissants sont rajoutés pour la rendre moins grasse et plus facile à manipuler. Afin d’obtenir la forme du récipient, l’argile est façonnée grâce à un tour. Cette opération se nomme le tournage. Le vase ainsi obtenu est cuit dans un four pour lui donner sa solidité et sa couleur définitive.
La réponse à cette question est l’objet de la seconde partie de ma thèse.
À l’époque gallo-romaine, les céramiques peuvent être vendues sur place, dans l’atelier. Dans certaines agglomérations, il existe aussi des magasins spécialisés pour la vente de céramiques. Les ventes locales, au marché voisin, peuvent être assurées par les potiers. Les ventes à moyenne distance sont le plus souvent réalisées par des grossistes. Les ventes à longue distance nécessitent une organisation commerciale importante avec des intermédiaires (grossistes, commerçants ambulants).
Ce commerce lointain peut s’effectuer grâce aux voies terrestres (Melun se situe à un carrefour), mais il convient de ne pas sous-estimer le rôle des voies fluviales, Melun se situant au bord de la Seine.
L’étude étant en cours, il m’est encore difficile de répondre avec certitude. Cependant, il semble qu’une certaine catégorie de céramiques soit dédiée à la population locale (céramique commune) et une autre à un commerce plus lointain (céramique fine).
Établir le circuit commercial des céramiques antiques melunaises permettra de mieux cerner le rôle économique joué par la ville de Melun au sein de son territoire, au début de l’Antiquité. S’agit-il d’une agglomération repliée sur elle-même ou ouverte à l’exportation extrarégionale ? Au vu des premières données, il semble que la ville s’auto-alimente et se suffise en produits céramiques : bien souvent, les types de céramiques produits au sein des ateliers de la ville sont aussi retrouvés sur les sites de consommation melunais. Les exportations au dehors de la cité antique n’ont pas pu encore être mises en évidence. Mon travail dans les mois – et années – à suivre portera sur cet aspect.