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Albane Rossi

Présentation

Albane Rossi

Albane Rossi est d’origine seine-et-marnaise. Titulaire d’une Maîtrise d’Archéologie Médiévale (Université Paris XIII) et d’un Mastère en Archéologie, Cultures, Territoire et Environnement (Université de Franche-Comté), elle prépare aujourd’hui une thèse dans le cadre de l’École doctorale Langages, Espaces, Temps et Sociétés sous la direction de François Favory.

Entretien

Quel est le sujet de votre thèse ?

Au XVIe siècle, le territoire autour de Blandy-les-Tours est organisé en openfield, typique de la région : des champs ouverts et allongés essentiellement réservés au labour. Les cultures fragiles comme celles de fruits, de légumes, de vignes, sont regroupées autour du centre paroissial. Les superficies des parcelles sont peu élevées et louées majoritairement à des paysans. Qu’en est-il deux, trois ou quatre siècles plus tard ? C’est ce que j’aimerais bien savoir à travers cette thèse…

Quel est le point de départ de ce travail sur le paysage ?

En 2001, j’ai effectué l’analyse d’un livre terrier daté de 1508. Ce document recense les biens loués dans le cadre de la seigneurie de Blandy. Ce premier travail, représentant plus de 2000 parcelles, a été un travail essentiellement statistique, finalement déconnecté de toute dynamique spatiale et figé dans le temps (Albane Rossi est l’auteur d’un article « Les origines du village » paru dans l’ouvrage Le château de Blandy-les-Tours publié par le Conseil général de Seine-et-Marne en 2007). J’ai eu envie d’aller plus loin…

Après plus de 10 ans d’expérience professionnelle passés dans plusieurs services éducatifs, mon contrat est arrivé à échéance, j’ai saisi l’occasion ! J’ai toujours gardé à l’esprit, depuis toutes ces années, l’idée de faire une thèse… L’aide financière du Conseil général est la bienvenue pour les nombreux allers et retours que je suis amenée à faire puisque j’habite désormais à Besançon. Mais au-delà, c’est une aide précieuse dans le cadre même de mes recherches : accès facilité aux sources, possibilité de numérisation des documents etc.

Quels sont les documents d’archives utiles à votre travail ?

Il existe un livre terrier daté de 1744/1750 qui recense les biens et les tenanciers de la censive de la seigneurie de Blandy selon le même modèle que celui de 1508. Mais ce n’est pas tout… Il existe également des sources archéologiques, des données cartographiques et environnementales plus contemporaines : cadastre napoléonien, données pédologiques etc.

Quelles connaissances espérez-vous obtenir grâce à ces documents ?

En croisant leurs données, mon objectif est de déterminer les évolutions dans la gestion du sol, et de tenter de comprendre la construction du territoire. Ces données concernent la répartition sociale, le lieu de résidence et le statut des déclarants au terrier. Il est donc possible d’étudier aussi bien la structure que la composition de chaque exploitation. Je pourrai aussi les comparer entre elles pour connaître les cultures les plus répandues, la présence éventuelle de clôtures ou de haies, le calendrier agricole...

Il faut dire aussi que mon travail est encadré par des chercheurs intéressés par les comportements humains. Il s’inscrit dans un projet plus large (le programme ArchaeDyn) visant à suivre et modéliser l’évolution d’espaces territoriaux sur la longue durée.

Vous avez commencé cette thèse en novembre 2011, vous la terminerez dans 2 ou 3 ans : où en êtes-vous actuellement ?

Je termine aujourd’hui la phase de dépouillement : plusieurs centaines de pages ! Reste encore (et c’est mon prochain objectif) à mettre en place l’analyse. C’est une phase délicate. Je sais néanmoins déjà que les informations seront cartographiées par l’intermédiaire d’un Système d’Information Géographique. Je pourrais ainsi envisager les sources textuelles selon leur composantes spatiales et croiser le tout avec des informations morphologiques, archéologiques et environnementales.

Je sais aussi que je regarderai de près les propriétés des institutions religieuses, maisons de charité, congrégations etc. : leur suivi et leur comparaison dans le temps seront plus faciles que sur d’autres parcelles. Ces institutions sont notamment très attachées à la terre et changent rarement de noms.

Enfin, je connais aussi la difficulté de gérer mon temps ! Une thèse est en constante évolution. La preuve, je devais au tout début de ma réflexion, m’arrêter au XVIIIe siècle mais j’ai ajouté 100 ans !