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les récits de voyages de Pauline Huvier (1805-1869), une touriste entre cures et pèlerinage

Croquis réalisé par Pauline Huvier, plan et élévations des 5 ordres d'architecture : toscan, ionique, dorique, corinthien, composé (AD77, 195J28) © Archives départementales de Seine-et-Marne
La mode des voyages du XIXe siècle à travers les récits d'une "rentière" dynamique originaire de Coulommiers.

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Au XIXe siècle, la mode des voyages se répand au sein de la bourgeoisie. Certaines femmes aisées, à l’esprit curieux, se lancent sur les routes pour admirer les paysages et découvrir leurs habitants, voire les critiquer. Des archives familiales, données aux Archives départementales de Seine-et-Marne (fonds 195J) conservent huit récits personnels de voyages rédigés par Pauline Huvier (1805-1869), originaire de Coulommiers (Seine-et-Marne), issue de cette élite éclairée.

Ces récits, écrits entre 1838 et 1854, concernent des destinations au sein de la sphère européenne la plus classique et la plus rassurante : l’Italie (deux fois), l’Allemagne et la Prusse (deux fois), la Belgique (deux fois), la Hollande et en France, les Pyrénées avec une incursion en Espagne et un pèlerinage à Notre-Dame de la Salette (Isère). Il s’agit souvent de voyages prolongeant une cure par des randonnées et des déplacements touristiques.

Révélateurs d’une éducation et d’un tempérament, ces récits « pittoresques » permettent de se faire une idée précise du goût de cette femme pour les déplacements. Ils nous éclairent aussi sur sa vive personnalité, son caractère et son attitude face à la religion. 

 

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Extrait (conclusion du récit de Pauline Huvier du voyage dans les Pyrénées en 1851) :

« Pourquoi donc, me diraient certaines personnes, pourquoi voyager, semer son argent sur les routes, avoir des ennuis, des contrariétés, souvent des déceptions, tandis que vous reconnaissez qu’il y a des jouissances à revenir chez soi ?
A cette question, je pourrais dire seulement que pour ressentir la jouissance de revenir chez soi, il faut avoir voyagé et avoir quitté ce même chez soi ; mais je dirai de plus que j’engage tous ceux qui sont plus sensibles aux inconvénients des voyages qu’aux satisfactions qu’on peut y trouver, à rester chez eux et à n’en pas bouger : ces sortes de personnes n’ont pas la bosse des voyages et n’en auraient que des ennuis, mais pour moi, j’avoue que je trouve un plaisir à voyager qui l’emporte de beaucoup sur tous les inconvénients qui s’y rencontrent et sur lesquels je compte et n’en suis pas surprise, et qui ne détruisent pas l’agrément que je trouve à parcourir des pays que je ne connais pas ou à revoir ceux que j’ai déjà vu.
Toutefois, je dirai ici que ce goût qui domine en moi, je veux le conserver in petto, car on me reproche déjà assez ma vie un peu courante. Que dirait-on si l’on savait que, pas encore satisfaite de mes excursions, j’en projette de nouvelles ?
Je ne dirai donc rien, puis si une occasion de voyager se présente, j’en profiterai volontiers ; si elle ne se présente pas, je resterai aussi très volontiers chez moi, car la vie tranquille et occupée est loin de me déplaire, elle a pour moi son agrément et son utilité »