Histoire

1910 : la crue en Seine-et-Marne

La date

A la fin du mois de janvier 1910, la Seine-et-Marne est de nouveau menacée d’inondations par des pluies abondantes. Les rivières du département, la Seine, la Marne, l’Yonne, le Loing et le Fusain débordent de leurs lits et provoquent une crue historique, occasionnant des dommages matériels énormes et de nombreuses victimes.

Les rivières en crue : un objet d'inquiétude

Suite à la crue importante de 1876 en Seine-et-Marne, de nombreux spécialistes tirent alors la sonnette d’alarme devant l’imprudence des entrepreneurs qui ont construit des bâtiments, des tunnels dans des zones à risque. Selon les journaux de 1910, il faut remonter à 1770 pour trouver un événement ayant entraîné des dégâts comparables. Cette crue a marqué les esprits par ses conséquences désastreuses et surtout par son caractère subit et inattendu. La Marne par exemple, qui était alors un objet de curiosité de la part des passants, est devenue en quelques heures un objet d’inquiétude.

La crue en images

Agrandir l’image Meaux, inondations cours Raoult. Carte postale (AD77, 2FI4466) Agrandir l’image Melun, crue de la Seine au niveau du pont de l'Ancien Châtelet. Carte postale (AD77, 2FI5490) Agrandir l’image Montereau, les inondation de 1910. Carte postale (AD77, 2 Fi 18975) Agrandir l’image Durant l'hiver 1910, les cours d'eau de Seine-et-Marne connaissent une crue aussi importante qu'inattendue. La Seine, la Marne, le Loing et le Fusain débordent de leurs lits. Ils entraînent des dégâts importants dans tout le département. Les secours, pris au dépourvu, organisent des ravitaillements de fortune auprès de la population sinistrée.
-- Ravitaillement en radeau à Chelles en 1910 Carte postale, 1910 (AD77, 2FI1226) Agrandir l’image À partir de la mi-janvier 1910, des pluies torrentielles s'abattent en Seine-et-Marne. Le 20 janvier, Souppes-sur-Loing, Moret-sur-Loing, Saint-Mammès et Melun sont sous les eaux et la population s'organise pour continuer à vivre : le transport se fait en barque et des pontons de bois sont mis en place le long des bâtiments pour pouvoir circuler à pied.
--La rue Saint-Liesne durant les inondations de 1910 à Melun Carte postale, 1910 (AD77, 2FI5494) Agrandir l’image Avec la décrue qui s'amorce à partir du 30 janvier, l'eau laisse apparaître d'énormes dégâts : les chaussées sont dépavées, les murs effondrés et les maisons envahies par la boue. À Lorroy, hameau de Château-Landon situé au bord du Loing, les conséquences ont été désastreuses : des blocs de la carrière de blanc d'Espagne ont, sous le poids de l'eau, cédés et écrasés des habitations en contrebas, le pont du loing a lui été complètement détruit. En quelques heures, ce petit hameau seine-et-marnais a presque disparu.
-- Le pont du Loing à Lorroy en janvier 1910, carte postale, 1910 (AD77, 2FI1018) Agrandir l’image Cinq jours après Melun, Meaux est inondée le 25 janvier 1910. La ville s'organise aussi avec des transports en barque et la mise en place de planches en bois pour improviser des passages. Les secouristes organisent aussi le ravitaillement en eau potable, car tous les puits ont été pollués par le débordement de la Marne.
--La rue de la Justice à Meaux durant la crue de la Marne le 26 janvier 1910, carte postale, 1910 (AD77, 2FI4448) Agrandir l’image En raison d'une urbanisation plus faible et d'une implantation des constructions plus loin de la rivière, les crues du XIXe siècle (1844, 1850 pour les plus importantes) ont certainement provoqué moins de dégâts que celles du XXe siècle. Trois années pluvieuses, avec de tristes étés, où l'ensoleillement fut faible, avaient conduit à saturation l'immense bassin de la Seine. En 1910, des rivières modestes, comme le Grand et Petit Morin pour la Marne, l'Yonne et son affluent l'Armançon pour la Seine, allaient contribuer par leurs propres crues, à faire monter le niveau général en aval, avec Paris comme bouchon. Aujourd'hui, de grands aménagements, tel le barrage-réservoir de la Seine près de Troyes, ou encore celui de la Marne près de Saint-Dizier, doivent minimiser l'effet d'une éventuelle crue centennale, tant redoutée.
-- La place marchande et la rue du château fort de Lagny en janvier 1910 Carte postale, 1910 (AD77, 2FI3918) Agrandir l’image Le 30 janvier 1910, la crue est considérée comme terminée. L'eau laisse la place à de la vase. Les communes touchées ont subi d'importants dégâts et de nombreuses personnes se trouvent démunies. Un élan de solidarité et de générosité s'organise alors au sein de la population sous la forme de dons (pécuniers ou en nature). Des listes de souscriptions sont établies dans chaque commune et relayées dans les journaux locaux.
-- Document administratif, recto, 1910 (AD77, 769F87) Agrandir l’image Le 30 janvier 1910, la crue est considérée comme terminée. L'eau laisse la place à de la vase. Les communes touchées ont subi d'importants dégâts et de nombreuses personnes se trouvent démunies. Un élan de solidarité et de générosité s'organise alors au sein de la population sous la forme de dons (pécuniers ou en nature). Des listes de souscriptions sont établies dans chaque commune et relayées dans les journaux locaux.
-- Document administratif, verso, 1910 (AD77, 769F87)

Les conséquences sur l'industrie

De nombreuses usines situées au bord des rivières et des fleuves sont fortement endommagées. Les machines ont été noyées sous l’eau et sont inutilisables. Les entreprises doivent suspendre leur activité le temps de la décrue. Le journal L’Indépendant est sinistré, les presses sont endommagées. Il est obligé d’arrêter sa parution durant plusieurs jours. Des péniches sont emportées avec le courant, brisant des ponts, emportant les fils télégraphiques… Les marchands de bois voient leur marchandise partir à la dérive dans la Seine ou dans l’Yonne. Noisiel connaît aussi des inondations importantes, cependant loin des 8,62 mètres atteints à Paris. L’île Menier et le barrage sont submergés et le réseau de galeries souterraines de l’usine est inondé. La cité ouvrière, grâce à son réseau d’égouts, est cependant épargnée. L’usine réouvre ses portes en février. Les rives étant peu construites à Noisiel, les dégâts sont très limités.

Des évacuations et des sauvetages de fortune sont organisés par les secours ou par des habitants à l’aide de voitures et de canots.

La fin du désastre

Le 30 janvier, la crue est considérée comme terminée. Tous les cours d’eau ne sont cependant pas encore rentrés dans leur lit. L’eau laisse la place à de la vase. D’importantes mesures d’hygiène et de désinfection sont mises en œuvre. De nombreuses personnes viennent au secours des sinistrés en faisant des dons, ou en offrant leur aide.

Les crues sont rares en Seine-et-Marne, mais la multiplication des constructions, les déboisements laissent présager une aggravation des risques d’inondations. Les experts ont observé que ces fortes crues se produisent environ tous les cent ans, d’où le terme de crue centennale. Depuis, c'est en 2016 que la Seine-et-Marne est de nouveau touchée par une crue historique.

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