L’étude de certains journaux édités en Seine-et-Marne à cette époque (L’Abeille de Fontainebleau, La Croix de Seine-et-Marne) montre que les agriculteurs mobilisés craignent souvent l’arrivée en masse de travailleurs qu’ils ne peuvent pas contrôler soit parce qu’ils sont au front, soit parce qu’ils ne sont plus maîtres de leurs exploitations ou parce qu’ils craignent pour la sécurité de leurs femmes. Ces dernières ne sont pas habituées à voir des ouvriers étrangers dans leurs champs. De ce fait, chaque groupe de travailleurs étrangers ou de prisonniers de guerre est encadré par un surveillant militaire.
Le département est également écartelé entre la nécessité de fournir des subsistances au camp retranché, aux armées sur son territoire, au front, aux civils et aux réfugiés qui affluent en grand nombre. Les femmes, quand elles peuvent accéder à leurs terres, se contentent le plus souvent de maintenir la production familiale et sont fortement désavantagées du fait des taxations sur le blé, les céréales, le bétail et le sucre. Aussi, les batailles et le cantonnement des armées détruisent les récoltes ou endommagent les terres. L’implantation de dépôts de munitions au milieu des villages et des champs entraîne également la réquisition de terrains.