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Marie-Rosalie Bonheur (1822-1899) dite Rosa Bonheur
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Rosa Bonheur naît le 16 mars 1822 à Bordeaux dans une famille d’artistes. En 1828, son père Raimond s’installe à Paris, rejoint un an plus tard par toute la famille. En 1833, sa mère décède prématurément à l’âge de 36 ans, ce qui la marque profondément. Son père l’envoie d’abord en pension mais très vite elle rejoint l’atelier familial. En 1837, il reçoit la commande du portrait d’une jeune fille, Nathalie Micas. La rencontre avec celle-ci va bouleverser la vie de Rosa Bonheur.
Elle fait de nombreux voyages dans le Cantal d’où elle ramène des croquis d’animaux et de paysages. À partir de 1851, elle travaille sur une œuvre de grandes dimensions, Le marché aux chevaux qui lui permet d’obtenir la reconnaissance de ses pairs et de la critique. Suite au Salon de 1853, le ministre de l’Intérieur lui passe une première commande officielle, La fenaison en Auvergne qui est livrée en 1855. Le marché aux chevaux lui permet aussi de rencontrer le marchand Ernest Gambart qui la fait connaître à l’étranger.

Le marché aux chevaux de Brie-Comte-Robert, rue du Lavoir, 1908, carte postale (AD77, 2 Fi 17546)

Les chevaux sont l’un des thèmes d’inspiration privilégiés de Rosa Bonheur. En 1850, elle espère obtenir la médaille d’or au Salon et pour cela envisage la réalisation d’une grande œuvre, Le marché aux chevaux. Cette toile évoque le marché qui se tenait à Paris boulevard de l’Hôpital près de la Salpetrière et s’inspire du peintre Géricault. La toile montre une galopade de chevaux présentés à d’éventuels acheteurs. Elle lui apporte la reconnaissance de la part de ses pairs et des critiques. Ernest Gambart, célèbre marchand d’art décide de l’exposer à Londres en 1856. Elle est aujourd’hui conservée au Metropolitan Museum à New York.
Huile sur toile, 1852-1855 ; Cliché : Collection particulière - Cliché : Collection particulière
Aux environs de 1860, Rosa Bonheur est un peintre connu et recherché qui reçoit de nombreuses commandes et qui a la chance d’être soutenue par des marchands. Elle travaille successivement dans différents ateliers, dont un situé rue d’Assas. Pour s’éloigner des mondanités parisiennes, elle fait l’acquisition du château de By dans la commune de Thomery où elle s’installe en 1860 avec Nathalie Micas et la mère de celle-ci. Elle y effectue des aménagements pour installer son atelier.

En 1860, Rosa Bonheur s’est installée au château de By. Pour rendre la maison confortable de nombreux aménagements sont nécessaires, en particulier pour installer son atelier. L’artiste transforme le domaine à sa guise, et l’étend surtout pour y loger ses modèles et ses toiles. L’aile du XVe siècle n’est pas modifiée, mais en surélévation des communs sont construits un gigantesque atelier sur deux niveaux, un salon, et une salle d’études pour les esquisses. Cette élévation est réalisée dans le style de l’époque faussement normand qui mêle la brique, la pierre et le bois : la bâtisse néo-gothique est surmontée de tourelles dont l’une masque la cheminée de l’atelier. Sur son fronton, les initiales R.B. viennent encadrer une horloge. L’autre tourelle supporte un clocheton orné de balcons. Dans le parc, l’artiste fait construire de nombreux enclos et cabanes pour sa ménagerie où notamment deux lionceaux ont été élevés au biberon.
Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 7956

En 1860, Rosa Bonheur est une artiste connue qui reçoit de nombreuses commandes et qui à la chance d’être soutenue par les marchands. Elle s’installe successivement dans différents ateliers à Paris, dont l’un notamment est situé rue d’Assas. Mais l’artiste déteste les mondanités et préfère la compagnie des animaux et la vie de la campagne. Elle fait l’acquisition en 1859 du château de By et s’y installe en 1860 avec Nathalie Micas et la mère de celle-ci. De nombreux animaux peuplent progressivement la propriété comme des moutons, des mouflons, des isards et des lions.
Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 16599
À partir de 1871, elle se tourne vers la peinture de fauves. Elle héberge même quelques lions à By. En 1889, le décès de Nathalie Micas, son amie durant 52 ans, est une déchirure. La même année, elle fait aussi une rencontre surprenante : celle de Buffalo Bill.
À la fin de sa carrière, Rosa Bonheur est une artiste reconnue aux États-Unis. Sa renommée s’exprime aussi à travers les nombreuses décorations qu’elle reçoit. En 1894, elle est notamment la première femme à devenir officier de la Légion d’honneur.
Après le décès de Rosa Bonheur en 1899, Anna Klumpke, portraitiste qui a partagé la fin de sa vie, organise une grande vente de ses œuvres et le marchand Ernest Gambart fait ériger un monument à sa mémoire devant le château de Fontainebleau.

Contrairement aux peintres de Barbizon, dont la peinture est empreinte de critique sociale (Rousseau, Millet, Courbet), Rosa Bonheur est soutenue par le pouvoir de Napoléon III. Elle reçoit en 1865 dans son château de By l’impératrice Eugénie, qui vient la décorer de la Légion d’Honneur. Elle est la première femme artiste décorée pour fait artistique et porte fièrement cette distinction toute sa vie. Elle reçoit aussi l’ordre de Léopold (Belgique), l’ordre de Saint-Charles (Monaco) et l’ordre d’Isabelle-la-Catholique (Espagne).
Lettre autographe signée, 1 page, 1865 ; AD 77, 921 F 5

Chers Monsieur et Madame/ Je vous remercie infiniment /de vos aimables et affectueuses/ félicitations, qui me/ sont bien précieuses/ par la bonne amitié que/ vous voulez bien/ me porter./ Je ne puis vous dire/ combien j’ai été profondément/ émue de la haute/ distinction que sa/ gracieuse majesté/ l’Impératrice a bien/ voulu attacher elle/ même sur mon cœur/ et avec quelle noble/ bonté elle a fait cet/ acte si honorable

pour moi./Veuillez chers Monsieur/ et Madame agréer/ l’assurance de/ mes sentiments/ bien affectueux et/ recevoir ceux de/ mon amie Mlle/ et Madame Micas./ R. Bonheur/ By le 15 juin 1865/ Je n’ai reçu qu’aujourd’hui/ la bonne lettre de Mr/ Verdier je lui répondrai/ demain.

En 1889, décède Nathalie Micas, la compagne de Rosa Bonheur. Celle-ci fait peu après la connaissance, par un client américain, d’Anna Klumpke, une portraitiste. Des liens s’établissent très vite entre les deux femmes. Lorsqu’Anna vient à Paris pour réaliser le portrait de Rosa Bonheur, celle-ci souhaite finir son grand tableau La Foulaison du blé en Camargue. Elle demande à Anna de participer au paiement de la moitié de l’atelier. Cet accord scelle leur union. L’artiste décède en 1899 en faisant d’Anna Klumpke sa légataire universelle.
Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 16380

On trouve de nombreuses rues, établissements, chemins, qui aujourd’hui portent le nom de Rosa Bonheur en hommage à l’artiste. Le conseil municipal de Thomery décide le 11 juin 1908 que la rue où se trouvait la propriété de l’artiste porterait son nom. On trouve aussi en forêt de Fontainebleau une route Rosa Bonheur. À Paris, dans le quartier de Grenelle (XVe arrondissement), existe aussi une rue Rosa Bonheur.
Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 10369

Le marchand Ernest Gambart fait ériger en 1901 un monument à la mémoire de Rosa Bonheur à Fontainebleau, en face du château. Deux plaques de bronze représentent Le marché aux chevaux et Le labourage nivernais ainsi qu’un portrait de l’artiste réalisé par son frère Isidore. L’ensemble est surmonté d’une réplique de la sculpture le taureau. Il est inauguré le 19 mai en présence des autorités civiles et militaires et du maire de Bordeaux, ville de naissance de Rosa Bonheur. Ce monument a aujourd’hui disparu, ayant été fondu durant la Seconde guerre mondiale. Les deux plaques sont conservées au Dahesh Museum de New York.
Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 9453
Lecture d'archives
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Lettre de Rosa Bonheur à M. et Mme Boisset du 15 juin 1865 (AD77, 921F5) 00:59
Lettre de Rosa Bonheur à M. et Mme Boisset, à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher), les remerciant de leurs "aimables et affectueuses félicitations" pour sa Légion d'honneur, By, 15 juin 1865 (avec l'enveloppe)
Ses frères, Auguste et Isidore, choisissent respectivement la peinture et la sculpture. Ils n’atteignent pas la postérité de leur sœur, mais exposent au Salon et connaissent des succès importants. Sa sœur, Juliette se spécialise comme elle dans la peinture animalière. Elle expose au Salon et lui succède à la tête de l’école gratuite de dessin à Paris. Germain, demi-frère né de la seconde union de Raimond Bonheur, se forme auprès du peintre Gérôme. Il participe au Salon, sans succès.
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En savoir plus sur Internet
- Base Léonore
Dossier de la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur lié à Rosa Bonheur - Château de Rosa Bonheur à Thomery
La demeure et l'atelier de Rosa Bonheur au château de By à Thomery - POP, plateforme ouverte du patrimoine
La plateforme contient quelques œuvres de et autour de la famille Bonheur - The Metropolitan Museum of Art
Le Marché aux chevaux conservé au sein du musée - Musée d'Orsay
Catalogue des œuvres de Rosa Bonheur conservées au sein du musée - The Dahesh Museum of Art
Le musée conserve des oeuvres de Rosa Bonheur dont il propose les notices en ligne - Association Les Amis de Rosa Bonheur