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Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) est considéré comme l’une des figures les plus marquantes et les plus originales de l’histoire de l’architecture. D’origine champenoise, il fait ses études à Paris, puis commence sa propre activité d’architecte à partir de 1762. Il construit notamment des fontaines, des écoles, des presbytères, des ponts et des églises. À partir de 1764, il effectue de nombreux travaux pour la noblesse : construction d’hôtels particuliers, de châteaux et du pavillon de Mme du Barry, favorite de Louis XV, à Louveciennes.
C’est à cette époque que le marquis de Montesquiou-Fezensac, propriétaire d’un domaine à Mauperthuis, au sud de Meaux, lui demande d’y construire un château et un parc. Ledoux en conçoit le projet et commence les travaux, qui seront poursuivis et achevés par Brongniart. Sur un terrain accidenté, Ledoux crée un palais moderne, orné notamment d’un belvédère et d’une grand portique surmonté d’un fronton côté parc. Ce dernier comprend à la fois des zones de pur agrément (plans d’eau, plantations…) et des petites constructions, les « fabriques ». D’étape en étape, ces éléments composent un parcours initiatique à vocation maçonnique. Parmi les fabriques érigées dans le parc, on compte des grottes de rocaille, mais aussi et surtout une étonnante pyramide dans laquelle on entre en passant sous un portique soutenu par deux colonnes.
Ledoux devient architecte du roi en 1773. L’année suivante, il commence les travaux de la Saline royale d’Arc-et-Senans, chef-d’œuvre aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’humanité. Il ne s’agit plus pour Ledoux de concevoir un édifice isolé, mais d’imaginer et d’articuler un ensemble de bâtiments, dans une démarche d’aménagement de l’espace où se mêlent esthétique et utilité. C’est l’une des plus grandes œuvres de Ledoux, qui y exprime ses idées avec force et originalité.
Il imagine également les plans de la ville de Chaux, censée être construite aux abords de la Saline, en prévoyant à la manière des urbanistes modernes tous les bâtiments nécessaires à la vie d’une communauté (temples, académies, bains publics…). Il conçoit ces édifices sans restreindre son imagination : ainsi, la maison des gardes agricoles devait-elle être une sphère parfaite, totalement impossible à réaliser avec les techniques de l’époque !
Homme des Lumières, Ledoux croyait dans les progrès de l’humanité. Il pensait et voulait une cité nouvelle, adaptée à ce futur qu’il espérait. Il ne put finalement pas la réaliser à Chaux, où son projet fut refusé par Turgot. Après la Révolution, alors que Ledoux avait perdu sa fortune et son influence, les Montesquiou-Fezensac lui demandèrent à nouveau de travailler pour eux. Ils lui confièrent le soin d’imaginer les plans d’une cité nouvelle, toujours à Mauperthuis.
L’estampe conservée par les Archives de Seine-et-Marne représente une vue de cette ville utopique. Elle rappelle par beaucoup de ses traits les projets de Ledoux à Chaux, mais aussi les cités pavillonnaires du XX siècle, avec ses petites maisons agrémentées de jardins et de vergers individuels. Seules quelques maisons furent construites à Mauperthuis. Elles furent la dernière œuvre de Ledoux.