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La presse en Seine-et-Marne

Consulter les journaux locaux, c’est parcourir la mémoire du département. Complémentaire des archives, la presse locale décrit l’histoire du département depuis plus de deux siècles. Elle constitue un vivier d’informations concernant les préoccupations d’une époque, l’histoire des familles, des lieux, de la vie professionnelle et économique.

La presse seine-et-marnaise : un presse d'arrondissement

Concurrencée par la presse parisienne et influencée par les évolutions nationales

Il n’y a pas eu de véritable journal départemental sauf exceptions et tentatives plus ou moins durables, mais une série de journaux d’arrondissement. De plus, dès le XIXe siècle, les journaux parisiens sont lus par les Seine-et-marnais. L’histoire de la presse seine-et-marnaise reflète les évolutions de la presse nationale.

Des origines au Second Empire

Aux origines : Des feuilles d’annonces

L’origine des principaux journaux est souvent une feuille d’annonces légales qui, peu à peu s’étoffe et se transforme au cours du XIXe siècle.

Les périodicités de ces publications sont variables (hebdomadaires, bimensuelles, tous les 5 jours), mais aucun journal n’est quotidien. Cette presse compte peu de lecteurs.

Elle est presque exclusivement consacrée aux informations commerciales et aux annonces (biens à vendre, prix courants et cours des changes, etc.).

Quelques exemples de feuilles d'annonce

  • Les Affiches de Meaux (1782-1788),
  • Les Affiches de Sens (1784-1789),
  • Feuille hebdomadaire du département de Seine-et-Marne (1803-1811),
  • Affiches, annonces et avis divers du département de Seine-et-Marne (1813-1865),
  • Feuille d'annonces et avis divers de la ville de Meaux (1816-1848),
  • La Feuille de Provins (1819-1891),
  • Feuille judiciaire et avis divers de l'arrondissement de Fontainebleau (1831-1840),
  • Les Petites affiches de l'arrondissement de Coulommiers (1837-1899).

De la Monarchie de Juillet à la fin du Second Empire : l’émergence de journaux plus politiques

Dès la Monarchie de Juillet et jusqu’à la fin du Second Empire, de nouveaux titres de journaux font leur apparition, notamment des journaux plus politiques. Le contenu des quotidiens se diversifie (littérature, économie, histoire, compte-rendus des ouvrages des historiens et érudits locaux, arrivée du feuilleton en bas de première page). Des journaux emblématiques du département sont créés : L’Abeille de Fontainebleau (1840-1944), le Journal de Seine-et-Marne (1840-1939) et Le Publicateur de l’arrondissement de Meaux (1848-1944).

La IIIe république (1870-1940) : l’essor de la presse

Les années de 1871 à la Grande Guerre sont celles de la montée en puissance de la presse, appuyée par les progrès de l’alphabétisation de la population, la loi de 1881 sur la liberté de la presse, de l’imprimerie et de la librairie et aussi les transformations techniques.

Cela se traduit par une multiplication des journaux de sensibilités politiques et religieuses diverses (La Croix, Le Progrès, etc.) et l’arrivée d’une presse militante (La Voix du peuple, Le Semeur, etc.).

Quelques chiffres

Selon les rapports du préfet sur la presse seine-et-marnaise, on dénombre en 1896 : 24 journaux politiques (6 titres pour l’arrondissement de Meaux, 2 pour l’arrondissement de Coulommiers, 9 pour celui de Fontainebleau, 4 pour Melun et 3 titres pour celui de Provins) et 37 journaux non politiques (confessionnels ou professionnels).

Au contact direct des populations, ces nouveaux titres, notamment les hebdomadaires d’arrondissement, jouent un rôle de plus en plus marqué dans la formation de l’opinion publique. Ils rendent compte des événements locaux, mais aussi des grands événements nationaux.

La forme des journaux évolue. Les premières photographies apparaissent dès 1900. Le format de grandes dimensions des journaux est celui que nous connaissons aujourd’hui. De nouvelles rubriques apparaissent et se développent (faits divers, sport, potins, etc.).On utilise des titres et des illustrations. La publicité devient un élément de la mise en page.

La première guerre mondiale freine grandement la production de la presse militante. Tous les journaux sont confrontés à des difficultés : disparition des ressources publicitaires, pénurie de papier, effectif des imprimeries et des rédactions à la baisse, censure… Quelques titres seine-et-marnais disparaissent. Malgré tout, on trouve encore une vingtaine de titres pour tout le département et 2 titres naissent au lendemain de la guerre : Le Courrier de Seine-et-Marne (1919-1944) et Le Seine-et-Marnais (1919-1944).

De la deuxième guerre mondiale à nos jours

La deuxième guerre mondiale : les années noires

Malgré la guerre puis l’Occupation, peu de titres cessent de paraître ou se sabordent. Il existe encore 10 journaux en activité en Seine-et-Marne en 1942, alors qu’il y en avait une quinzaine avant la guerre. Ils doivent faire face à la pénurie de papier et réduisent considérablement leur pagination et leur tirage. Dès août 1940, le Progrès de Seine-et-Marne (1885-1944) reparaît, ainsi que L’Informateur (1900-1944) en septembre.

Sous l’Occupation, la zone nord subit le contrôle de l’administration allemande. Les journaux sont sous influence de la Kommandantur. La presse sert d’instrument de propagande en publiant des articles inspirés par les autorités d’occupation.

La Libération : l’épuration de la presse et l’apparition de nouveaux titres

La totalité des journaux parus sous l’Occupation est interdite. Dès décembre 1944, leurs biens sont mis sous séquestre et les responsables de ces journaux sont interpellés. En mai 1945, un rapport du Comité départemental de Libération réclame la peine de mort pour certains responsables en raison d’activité antipatriotique du Publicateur (1848-1944) et du Courrier de Seine-et-Marne (1919-1944). Le directeur de L’Abeille de Fontainebleau (1840-1944) est condamné à 10 ans de travaux forcés, à la confiscation de ses biens et à la dégradation nationale.

Des journaux quasi centenaires comme L’Abeille de Fontainebleau ou Le Publicateur de l’arrondissement de Meaux disparaissent.Toutefois, au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, de nouveaux titres apparaissent ( La Liberté, La Délivrance, etc.) et plus d’une dizaine de journaux sont alors diffusés dans le département.

Les années 1960-1970 : Crise, rivalité et innovations

Les années 1960-1970 ouvrent une période d’incertitude pour la presse. La crise et l’appétit des grands groupes de presse obligent les journaux à innover pour ne pas mourir. En quelques décennies, les journaux accomplissent 4 révolutions technologiques : l’arrivée de l’offset, de la photocomposition, de la Publication assistée par ordinateur (PAO) et enfin d’Internet.

À partir de 1962, la Seine-et-Marne est le théâtre de la rivalité entre le groupe de Robert Hersant et le groupe Amaury pour le contrôle de la presse locale en région parisienne. Robert Hersant rachète la Liberté pour en faire Seine-et-Marne matin (1864-1975) et le groupe Amaury lance le 3 septembre 1962 une édition seine-et-marnaise du Parisien Libéré (1944-1986). Pour conquérir le lectorat, les deux groupes parisiens s’épuisent mutuellement et Robert Hersant doit se résoudre à vendre Seine-et-Marne matin au groupe Amaury en 1966.

À l’aube du XXIe siècle : la concurrence d’Internet

Au XXIe siècle, à un moment où la presse écrite est confrontée à de nombreuses difficultés et à la concurrence d’Internet, il reste 6 journaux dans le département de Seine-et-Marne :

  • Le Parisien (depuis 1944),
  • La République de Seine-et-Marne (depuis 1894),
  • Le pays Briard (depuis 1944),
  • La Marne (depuis 1944),
  • Le Moniteur (depuis 1910),
  • L’Éclaireur du Gâtinais et du Centre (depuis 1870).

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