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Très jeune, La Fayette se lance dans l'action militaire et politique. Aux côtés des insurgés américains, il s'engage en 1777 dans la guerre d'indépendance contre les britaniques. Son engagement sans faille lui vaut la reconnaissance du peuple américain et une longue amitié avec Georges Washington.
De retour en France, La Fayette participe à la Révolution française et poursuit son combat pour la liberté et les droits de l'homme. Mais sa position, pour une monarchie constitutionnelle, le rend impopulaire. Déclaré traître à la nation le 19 août 1792, il fuit sur le front autrichien où il est fait prisonnier. Il est libéré en 1797, avec interdiction de revenir en France. Bravant l'interdit, La Fayette s'installe en Brie à La Grange-Bléneau en 1799. Début de l'histoire seine-et-marnaise.

La bataille de Brandywine, le 11 septembre 1777, est la première menée par La Fayette au cours de la guerre de l'indépendance américaine. Incorporé comme major général dans les troupes combattant les Britanniques, le jeune marquis montre alors sa tenacité et sa capacité de meneur d'hommes. Malgré une blessure à la jambe, il est remarqué par Georges Washington, chef d'état major de l'Armée continentale américaine et futur président des Etats-Unis
(Estampe, sans date, 24,5 x 17,8 cm ; AD77, 5Fi615).

Georges Washington (1732-1799), chef d'état major de l'Armée continentale durant la guerre de l'indépendance américaine, a remarqué La Fayette lors de la bataille de Brandywine (1777). Ils collaborent ensuite au plan militaire (bataille de Yorktown en 1781) et diplomatique. Cette scène familiale et champêtre illustre les relations cordiales entre les deux hommes.
Photographie du tableau "Washington and Lafayette [sic] at Mount Vernon, 1784" (Thomas Rossiter et Louis Remy Mignot, 4859, Metropolitan Museum of Art, New York), Jean A. Fortier, sans date, 17,7 x 23,9 cm (AD77, 24J20-1)

Parmi les interventions de La Fayette à l'Assemblée Nationale, celle concernant les droits de l'homme est la plus célèbre. Influencé par son expérience aux États-Unis, La Fayette rédige un projet de déclaration des droits de l'homme avant 1789. Le texte a été élaboré avec les conseils de Thomas Jefferson (1743-1826), futur président des États-Unis, auteur de la Déclaration d'indépendance américaine, alors ambassadeur des États-Unis à Paris (1785 à 1789). D'autres projets sont également présentés, et l'Assemblée nationale adopte le 26 août 1789 la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen.
Estampe, XVIIIe siècle, 16,5 x 11 cm (AD77, 6fi356)

Jean-Alexandre Coluche, dit Jean-Baptiste (1780-1867), né à Gastins (Seine-et-Marne), soldat de l'armée napoléonienne, est connu pour avoir en mai 1809 interdit l'entrée du campement français à Napoléon qu'il n'avait pas reconnu. "On n'passe pas" lui dit-il, "Si tu fais un pas de plus, je te fous ma baïonnette dans le ventre".
La garde nationale, formée de volontaires, a été créée à Paris le 13 juillet 1789, La Fayette étant reconnu par Louis XVI comme son commandant en chef le 15 juillet. La pratique de milices citoyennes et le nom de garde nationale ont ensuite été étendus à d'autres villes.
Estampe d'après un croquis (Pauline Viardot, 1846), illustrant l'ouvrage de Maurice Bois, "Jean-Baptiste Coluche : un fonctionnaire de Napoléon 1er", Melun, 1909, p.4 (AD77, AZ10062)

Premier consul depuis le coup d'état du 18 Brumaire (9-10 novembre 1799), Napoléon Bonaparte intervient dans la deuxième campagne d'Italie en franchissant le col du Grand Saint-Bernard le 13 mai 1800 pour surprendre les troupes autrichiennes.Le tableau de David intitulé "Le Premier Consul franchissant les Alpes au col du Grand Saint-Bernard" appartient à une série de cinq toiles réalisées sur le thème de cet exploit militaire.Bonaparte, alors général en chef, intervient pour la libération de La Fayette et de sa famille par l'Autriche en 1797. Cependant le marquis de La Fayette lui est opposé politiquement et se prononce contre sa nomination comme consul à vie en 1802 puis contre l'attribution du titre d'empereur en 1804.
En novembre 1799, La Fayette arrive en Brie. Avec sa famille, il s'installe au château de La Grange-Bléneau, près de Courpalay. En 34 ans, La Fayette transforme un joli domaine familial en exploitation agricole moderne. Il y invente ou utilise de nouveaux procédés techniques (clotûre des terres), adopte de nouvelles cultures (luzeme notamment) ou introduit de nouvelles races animalières. La Grange-Bléneau va aussi lui servir de refuge face aux adversités politiques.

Situé en Seine-et-Marne, à Courpalay (près de Rozay-en-Brie), le domaine de La Grange-Bléneau a été légué à l'épouse du marquis de La Fayette, Marie-Adrienne de Noailles (1759-1807), par sa mère, Anne-Louise-Henriette d'Aguesseau, duchesse d'Ayen et maréchale de Noailles. --- Lithographie de Schroeder d'après un dessin de Rauch, 1840, 11,5 x 19,6 cm (AD77, 5fi1248)

L'histoire du château de La Grange-Bléneau remonte au XIVe siècle mais l'essentiel des bâtiments date du XVIe siècle (poivrières et mâchicoulis) et de transformations opérées au début du XVIIIe siècle. Hérité en 1800 par Marie-Adrienne de Noailles, épouse de La Fayette, le château est alors restauré, perd son aspect de forteresse (les douves sont comblées et le pont-levis remplacé par un pont de pierre) et s'ouvre sur le parc, redessiné selon le goût de l'époque, où un étang est creusé. Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 11490.

Après son installation en Brie en 1799, le marquis de La Fayette maintient de nombreuses relations internationales. Il les entretient par des voyages, comme celui qu'il fait d'août 1824 à septembre 1825 aux États-Unis. Il reçoit aussi beaucoup au domaine de La Grange-Bléneau. Parmi ses invités, Charles James Fox (1749-1806), secrétaire d'État britannique, ancien partisan de l'indépendance des États-Unis, qui fait planter le lierre de la façade du château lors d'un séjour à La Grange après la paix d'Amiens (25 mars 1802). On peut citer aussi le duc et la duchesse de Broglie, fille de la romancière et amie de La Fayette, Madame de Staël, ou encore Fenimore Cooper, en 1826-1827, pendant qu'il écrit Le Corsaire rouge. --- Lithographie, 1937, 27 x 20,7 cm (AD77, 5fi1029)

En Brie, La Fayette mène la vie d'un vrai "gentleman farmer". Outre le domaine de La Grange-Bléneau, La Fayette possède d'autres fermes à proximité et d'autres lots de terres. Il y met en oeuvre son intérêt pour l'agriculture : il échange des terres pour former un ensemble cohérent autour du château et pratiquer une agriculture intensive, aménage les bâtiments, introduit de nouvelles cultures comme la luzerne et contribue à propager certaines races animales comme les moutons mérinos. Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 1608.

Après le décès de La Fayette en 1834, le domaine de La Grange-Bléneau est repris par son fils, Georges Washington de La Fayette (1779-1849). Le château et la chapelle, inscrits aux Monuments Historiques depuis 1942, sont aujourd'hui propriété de la Fondation de Chambrun. Ils ne sont pas ouverts à la visite. Carte postale, sans date ; AD 77, 2 Fi 1604.

Le cadastre par masse et nature de cultures est constitué de 1801 à 1807 pour définir les bornes des territoires, dresser un état du sol par masse en fonction des cultures et recenser les propriétaires des parcelles. La difficulté de recenser les propriétaires pour chaque masse de culture (ceux-ci devant se déclarer) entraîna l'abandon de ce type de plans au profit des plans parcellaires. Le détail du plan de Courpalay montre au nord de la commune le domaine de La Grange-Bléneau.
Plan par masse et nature de cultures de la commune de Courpalay, 1801-1807, 116 x 111,5 cm (AD77, 4P12/43)
De son domaine briard, La Fayette se place en retrait de la vie politique nationale. Mais il n'abandonne pas totalement cette activité et s'investit dans des mandats locaux. Par ailleurs, il transforme le domaine de La Grange-Bléneau en refuge politique, pour lui-même, pour la Charbonnerie française, pour des personnalités étrangères.

Les informations que demande La Fayette dans cette lettre à son libraire montrent sa volonté d'acquérir des ouvrages de bonne qualité, son souci de se tenir informé des nouvelles parutions et de celles en cours dans des domaines vastes, de la géographie à la technique et l'histoire. L'aspect matériel et financier de ces achats n'est pas oublié, dénotant un gestionnaire attentif. Son implication dans la vie politique et institutionnelle apparaît également dans ses lectures, avec notamment son commentaire sur l'agronome Henri-Alexandre Tessier (1741-1837), membre de l'Académie des sciences, hostile à la création des départements. L'adresse du destinataire sur l'enveloppe n'est pas écrite de la main de La Fayette mais probablement par un secrétaire. Des corrections figurent par ailleurs sur la lettre elle-même, tracées avec une autre encre que le texte initial : le destinataire a-t-il voulu clarifier certaines graphies ? Transcription : La Grange, 27 nivôse Je viens avec ma confiance ordinaire, mon cher concitoyen, vous entretenir de mes rêveries de bibliothèque ; vous les recevrés, j'en suis sûr, avec votre bonté accoutumée. Le dernier courier vous a porté une liste d'addition aux richesses que je vous dois ; je vous envoie aujourd'hui un supplément à cette liste : non que je compte vous prier immédiatement de me procurer ces livres ; mais dans l'espoir qu'un de vos collaborateurs aura la complaisance de mettre à côté les prix, et même s'il le veut bien le nombre et format des volumes. Je saurai d'avance par ce moïen la place que chaque ouvrage tiendra dans ma collection, et je saurai au moment même où j'en aurai la possibilité jusqu'où je dois porter mes demandes ; ce détail est bien ennuïeux pour vous, mais je suis habitué à trouver en vous et autour de vous une telle bienveillance que je ne crains jamais d'en abuser. Il est de grands ouvrages si chers que j'ignore quand je pourrai me les procurer : je trouve pourtant assés difficile de me passer d'un Moniteur complet ; le jour viendra ou je me permettrai cette dépense : quel en sera le montant ? Quel est le format de ces Moniteurs [La Gazette nationale ou le Moniteur Universel, journal politique fondé à Paris par Charles-Joseph Panckoucke en 1789] ? Il me semble que c'est ce qu'on appelle petit in folio, surtout si on coupe les marges. Combien y-a-t-il de volumes ? J'ai recueilli depuis mon retour, ceux de mon abonnement. L'Encyclopédie par ordre méthodique [Encyclopédie Méthodique publiée entre 1782 et 1791 par Charles-Joseph Panckoucke, en complément de la grande Encyclopédie de Diderot et d'Alembert] m'a été d'une telle ressource que je lui ai conservé de l'affection ; elle est pourtant bien chère et n'est pas complète : me conseïllerïés-vous l'ancienne ? Quel en est le prix ? Le nombre et le format des volumes ? Cette dernière question est relative à l'arrangement matériel de mes tablettes de livres. Manque-t-il beaucoup de volumes à l'Encyclopédie par ordre méthodique, combien y en a-t-il ? L'a-t-on augmentée depuis 92 [1792] ? Quel est le prix de cette Encyclopédie par ordre de matières ? Si elles sont l'une et l'autre hors de ma portée me conseïllés-vous d'acheter le dictionnaire des arts et métiers avec des planches ? Quels sont les meïlleurs ouvrages de géographie ? J'ai La Martinière [Bruzen de la Martinière (Antoine-Augustin), Le Grand Dictionnaire géographique, historique et critique, Paris, 1768] qui a plus de volumes que de mérite ; Ne suffirait-il pas d'y ajouter Mentelle [Mentelle (Edmé), Chanlaire (Pierre-Grégoire), Atlas des commençans, accompagné d'explications géographiques et cosmographiques auxquelles on a joint une carte de France... ouvrage comprenant la géographie ancienne et moderne, Paris : Goujon fils, 1803] ou Busching [Büsching (Anton Friedrich), Géographie universelle, 5e édition, Strasbourg : Jean-George Treuttel, 1785] à la dernière édition du dictionnaire géographique ? Quel est le meilleur dictionnaire historique des hommes célèbres de tous les tems ? Où en êtes-vous, mon cher concitoyen, de l'intéressant projet de M. de Mesan ? Avés-vous entendu parler de l'entreprise du Moniteur ? Si jamais j'achetais le Moniteur actuel faut-il y joindre le dictionnaire de Girardin [Révolution française, ou Analyse complette et impartiale du "Moniteur", suivie d'une table alphabétique des personnes et des choses, Paris : Girardin, an IX-X (1801-1802)]. Pourquoi votre collègue Tessier prend-il le ton du jour au point de dire dans son journal d'agriculture que la division des ci-devant provinces en départements est très ridicule ? Ce prétendu ridicule avait jusqu'à présent échappé au jugement de tous les païs et de tous les partis. L'histoire de Menier paraît-elle ? Traite-il avec quelque détail la révolution d'Amérique et les assemblées de notables ? Salut remerciements et amitié. L.F.

Cette lettre témoigne du souci du marquis de La Fayette d'utiliser les nouvelles techniques relatives à l'agriculture et aussi de soulager le travail de ses employés. Adrien-Jules de Lasteyrie (1810-1884) est le fils de sa deuxième fille, Virginie (nommée en référence à l'État de Virginie où il avait mené une campagne militaire victorieuse lors de la guerre de l'indépendance américaine). Cette lettre n'est pas écrite de la main de La Fayette, qui a signé le texte probablement rédigé par un secrétaire. Transcription : La Grange, le 7 octobre 1828, Permettez-moi, Monsieur, de m'adresser à vous pour obtenir des renseignements sur une invention qui vous fait beaucoup d'honneur, et qui pourrait, ce me semble, être très utile, mais dont je n'ai pas entendu parler d'une manière précise depuis le compte qui en fut rendu à la société d'encouragement en octobre 1811 : je veux parler de votre pétrin qui doit, je pense, éviter beaucoup de peine, et qui a été, dit-on, abandonné parce que les garçons boulangers craignaient que la machine ne leur ôtât du travail. Il n'en est pas ainsi dans nos fermes, où les servantes qui font le pain trouveraient fort bon qu'on diminuât leurs fatigues. Mon petit-fils, Jules Lasteyrie, est chargé de vous porter ou de vous envoyer ma lettre, et je vous prie bien de me donner les détails que vous croirez utiles pour que j'essaie chez moi de pratiquer votre invention. Je vous prie, Monsieur, d'agréer l'assurance de ma considération distinguée. Lafayette. --- Lettre signée de La Fayette à Mr Lambert, boulanger, 1828, 1 p. (AD77, 1225F1)

Au début de la Restauration, La Fayette espère que Louis XVIII instituera un vrai régime démocratique. Élu député de la Sarthe en octobre 1818, il rejoint les rangs de l'opposition et participe activement aux débats, en particulier sur la réforme du droit de vote (il souhaite le suffrage universel) et la défense du drapeau tricolore. Il dénonce la suspension de la liberté de la presse et intègre l'Association des "Amis de la liberté de la presse". Le 4 juillet 1821, il exprime ouvertement au cours d'une séance de l'Assemblée son refus de la Restauration et de ses dépenses financières excessives. Cette lettre illustre les revendications de La Fayette concernant la censure et l'importance qu'il accorde à son rôle dans l'opposition. La correspondance avec ses partenaires et rivaux politiques est pour lui une priorité. Transcription : J'ai reçu avec une vive sensibilité votre bonne lettre, mon cher électeur, les nouveaux témoignages de votre amitié resteront gravés dans mon coeur ; votre ami vous rendra compte de notre conversation ; il est évident que la contre révolution se manifeste avec une franchise et une impatience dont les mesures publiques vous parviennent, jusqu'à présent, par les journaux, et dont les projets hostiles se dévoilent par les indiscrétions ordinaires de ce parti. Nous allons commencer un nouveau combat de tribune à propos de la censure : celui de la loi des élections viendra ensuite. Ce projet de loi a été fortement recommandé par le roi, au préjudice de la loi actuelle, dans sa conversation avec le bureau de la chambre qui lui apportait celle des lettres de cachet. Il a dit que le sort de la monarchie dépendait de l'adoption de ce nouveau projet. Je crains bien que nous ne perdions les trois batailles ; mais l'opinion aura fait de grands progrès. Cependant on aura encore besoin de nous pour le budget. Si vous venés à Paris je serai bien heureux de vous voir ; recevès en attendant mes tendres remerciements et amitiés. Laf. Votre ami est venu hier, ce qui me fait craindre qu'il ne soit parti aujourd'hui : je mets donc ma lettre à la poste. 19 mars 1820 ---Lettre autographe signée de La Fayette à Mr Jallu à Amiens, 1820, 1 p. ; AD 77, 1225 F 32

Le rapport de la gendarmerie royale de Seine-et-Marne du 10 au 11 octobre 1825 relate, parmi d'autres événements locaux, le détail de la manifestation publique liée au retour du marquis de La Fayette après un séjour triomphal aux États-Unis d'août 1824 à septembre 1825. L'atmosphère de joie et d'exaltation qui l'attend donne une idée de sa popularité en Seine-et-Marne et particulièrement à Courpalay, où il réside. Transcription : Gendarmerie Royale Rapport du 10 au 11 octobre 1825 (...) [En marge : ] Copie d'une lettre du Brigadier de Rosay à Mr le lieutenant de Coulommiers Mon lieutenant J'ai l'honneur de vous rendre compte que Mr de La Fayette n'est pas encore arrivé en ce moment, quatre heures du soir ; qu'étant retourné à La Grange, après votre départ, j'y ai resté jusqu'à minuit, heure où les danses ont cessé, mais toujours avec la même tranquilité dont vous fûtes témoin. Ce transparent porte : "Au Général La Fayette, l'ami du peuple et de l'humanité. ---Rapport journalier de gendarmerie, 1825, 3 p. ; AD 77, 5 R 57-1


Le rapport de la gendarmerie royale de Seine-et-Marne du 10 au 11 octobre 1825 relate, parmi d'autres événements locaux, le détail de la manifestation publique liée au retour du marquis de La Fayette après un séjour triomphal aux États-Unis d'août 1824 à septembre 1825. L'atmosphère de joie et d'exaltation qui l'attend donne une idée de sa popularité en Seine-et-Marne et particulièrement à Courpalay, où il réside. Transcription : [et] ont voulu lui faire un compliment, mais elles n'ont jamais pu s'en souvenir. Le général les a remerciées de leur bonne volonté. Alors on a recommencé à crier "Vive La Fayette". Il a fait le tour de sa cour en adressant le bonjour à tous les paysans et il s'est retiré avec son monde. L'on m'a raconté ce dernier rapport parce que je n'ai pas pénétré dans l'intérieur du château. Les danses ont commencé. Comme hyer tout s'est très bien passé, même mieux que dans les fêtes ordinaires. J'ai l'honneur d'être, etc. Signé Hornet brigadier Pour copie conforme, le capitaine de gendarmerie royale à Melun Martin de Couay ---Rapport journalier de gendarmerie, 1825, 3 p. ; AD 77, 5 R 57-1

Élu député de la Sarthe en 1818, La Fayette mène également d'autres activités politiques depuis son château de La Grange-Bléneau. Il participe notamment au mouvement de la Charbonnerie française, société secrète agissant contre le rétablissement des Bourbons en France. Il en reçoit les membres et élabore avec eux divers complots, qui expliquent la surveillance policière dont il fait l'objet. Transcription : Coulommiers, 6 septembre 1826 Surveillance administrative Monsieur le préfet, La compagnie nombreuse qu'on attendait à La Grange devait se composer de députés et d'Américains marquants. La réunion a manqué en partie. Ce sont surtout les députés qui ne se sont pas trouvés au rendez-vous. Le vide a été rempli par des habitants des châteaux et maisons bourgeoises des environs. Un M. Thierry est à La Grange depuis environ un mois : j'ignore si c'est l'auteur de L'Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands. M. Georges de La Fayette est aussi à La Grange depuis quelques temps. M. de La Fayette a passé toute la semaine dernière hors de chez lui. Il devait être de retour hier, et ramener avec lui une compagnie nombreuse d'Américains. On ignore où il est allé. On me propose de chercher à gagner un domestique servant à table au château de la Grange et au moyen duquel on saurait les noms et les propos les plus remarquables des convives. La chose me paraît fort délicate : je n'ai voulu ni accepter l'offre, ni m'engager à fournir l'argent nécessaire, avant d'avoir pris vos ordres. Je vous prie de vouloir bien me faire connaître le plus tôt possible si je dois prêter l'oreille à cette proposition. Je suis avec respect, Monsieur le Préfet, votre très humble et très obéissant serviteur. Le sous-préfet de Coulommiers. Lebrun de Charmettes --- Lettre, 1826, 1 p. ; AD 77, M 10191-1

La Fayette appartient à l'opposition libérale à Charles X, monté sur le trône en 1824 et qui a entrepris de restreindre les libertés. Après la dissolution de la chambre des députés par le roi le 16 mai 1830, les libéraux l'emportent aux élections tenues le 23 juin. C'est dans ce contexte que La Fayette se réjouit ici de la victoire de Joseph Thomas (1776-1839), député des Bouches-du-Rhône de 1829 à 1830, choisi comme député par le grand collège de l'Eure le 19 juillet. Il associe à sa joie Toussaint-Joseph Borély (1788-1875), l'un des principaux animateurs du parti libéral de Marseille. br>La réunion de la nouvelle chambre qu'évoque La Fayette pour le 3 août n'aura cependant pas lieu : le 25 juillet, Charles X proclame les quatre ordonnances de Saint-Cloud (restriction de la liberté de la presse, modification de la loi électorale, dissolution de la chambre des députés et nouvelle convocation des collèges électoraux pour septembre, nomination de conseillers d'État). Elles provoquent l'insurrection de la population parisienne lors des Trois glorieuses, du 27 au 29 juillet 1830. La Fayette, redevenu commandant de la garde nationale, joue alors un rôle prépondérant pour l'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe. Transcription : La Grange, 24 juillet 1830 La nomination de mon collègue M. Thomas me fais éprouver une vive joie, mon cher commettant : j'ai besoin de m'en féliciter avec vous, avec lui, et avec les patriotes qui ont si justement regretté leurs défaites dans vos collèges méridionaux. Ici tout s'est bien passé comme vous avés pu le voir dans les journaux. Il paraît que les coups d'état, naguère imminens, sont différés et que la chambre se réunira le 3 aoust, mais l'intention contre-révolutionnaire n'est pas abandonnée. La loi électorale et la liberté de la presse sont les deux premiers points de mire. La chambre actuelle n'y consentira pas. Elle demandera des institutions avant de voter le budget, et sans loi de finances, il n'y aura pas de paiement d'impôt. Il serait facile de tout arranger en changeant le ministère et en donnant les quatre garanties indispensables. C'est ce qu'on ne veut pas faire, et alors la situation devient critique pour tous, excepté pour la nation qui avec un peu de fermeté est sûre de conserver ses droits reconnus, et si on la pousse à bout d'en recouvrer d'autres qui pour avoir été méconnus n'en sont pas moins réels et imprescriptibles. Salut et amitié de tout mon coeur. Lafayette --- Lettre autographe signée de La Fayette à Mr Borely, président du tribunal de première instance à Marseille, 1830, 1 p. ; AD 77, 1225 F 5

Louis-Philippe (1773-1850), duc d'Orléans, règne de 1830 à la révolution de 1848, qui met fin à la Monarchie de Juillet. Son arrivée sur le trône, à la suite des Trois glorieuses, journées de révolte de la population parisienne du 27 au 29 juillet 1830, doit beaucoup à l'intervention de La Fayette. --- Lithographie, sans date, 32,5 x 27 cm ; AD 77, 6 Fi 36

L'activité de député de l'arrondissement de Meaux est la principale activité politique du marquis à la fin de sa vie, en même temps que son implication la plus durable et importante dans la vie politique du département. Ces mandats s'inscrivent dans une période politique instable : cinq d'entre eux s'achèvent par une dissolution de la chambre des députés. ---Miniature, 1830, 14,2 x 10,4 cm ; AD 77, 1225 F 35
Le marquis de La Fayette est à l'origine d'une dynastie d'hommes politiques locaux. Son fils puis ses petits-fils se sont lancés en politique. Georges Washington de La Fayette, son fils, a été député et conseiller général, de même que son propre fils, Oscar de La Fayette. Les deux autres petits-fils du marquis, Adrien-Jules et Louis-Pierre-Gilbert de Lasteyrie, ont été député, conseiller général et commissaire de la République en Seine-et-Marne pour le premier, conseiller général et maire pour le second.

Oscar de La Fayette (1815-1881), fils de Georges Washington de La Fayette, a été député de Meaux de 1846 jusqu'au coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851 ; puis de nouveau de 1871 à 1875. Il a aussi été commissaire de la République en Seine-et-Marne et conseiller général. --- Lithographie, 1848, 14,3 x 18,4 cm ; AD 77, 6 Fi 167

La Fayette Adrien-Jules de Lasteyrie (1810-1884), fils de Virginie de Lasteyrie du Saillant et petit-fils du général La Fayette, a été député de Seine-et-Marne de 1848 jusqu'au coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, puis de nouveau de 1871 à 1875. ---Estampes, sans date, 16,9 x 23 cm ; AD 77, 6 Fi 338

Cette lettre a été écrite par le fils du marquis de La Fayette pendant l'épidémie de choléra, pour recommander un ami, Gaston Frestel à M. Guittère, notaire à Perpignan. Elle résume la situation politique traversée par le marquis lors de la Révolution de 1830 et le sentiment de son fils, Georges Washington, également député, sur le nouveau régime de la Monarchie de juillet. Elle évoque aussi la vie familiale à La Grange-Bléneau. Transcription : Paris, le 12 avril 1832 Mon cher monsieur Guittère, Permettez moi de vous présenter un jeune ami à moi, que j'aime comme j'aimerais un jeune frère. C'est le fils d'un homme qui m'a servi de second père, et à la mémoire duquel j'ai voué respect, et reconnaissance éternelle. Gaston Frestel, excellent citoyen, est accouru près de mon père, à l'hôtel de ville, au moment des affaires de juillet et a été mon camarade officier d'état major, jusqu'au moment où mon père a quitté le commandement de la garde nationale, au 26 décembre 1830. Depuis il s'est engagé dans un régiment d'artillerie où il a gagné le grade équivalent à celui de caporal, jusqu'à ce que M. de Peron mon neveu, étant nommé colonel du 27ème, ait bien voulu penser à lui et lui proposer de venir avec lui dans son régiment. Frestel, qui depuis longtemps connaît M. de Peron, a accepté cette proposition, d'autant plus volontiers que dans l'amitié de son colonel pour lui il trouvera quelque adoucissement à la vive douleur qu'il vient d'éprouver de la mort de son frère aîné, enlevé à l'âge de 26 ans après sept jours de fluxion de poitrine dont on le croyait presque guéri, au moment où nous l'avons perdu. Mon pauvre jeune ami est malheureux, il est assuré de votre intérêt. Je serai reconnaissant du bon accueil que vous voudrez bien lui faire ; comme si j'en éprouvais les bons effets moi même. Je regrette bien, mon cher monsieur Guittère, de n'avoir pas profité davantage de votre dernier séjour ici, je suis honteux de n'avoir pas été vous chercher même une seule fois chez vous, mais la vie que je menais alors, et dont celle que je mène aujourd'hui ne diffère que trop peu, pourra m'avoir obtenu votre indulgence. Dans tous les cas, croyez que les anciennes relations avec les hommes comme vous, laissent des traces, qui ne peuvent s'effacer. Nous luttons ici contre bien des espèces de choléras. Celui qui s'appelle plus spécialement le choléra morbus nous a fait du mal, mais il paraît arrivé à son degré le plus élevé, et nous espérons qu'il va bientôt décroître. Le choléra politique, et diplomatique semble plus tenace et malheureusement, ceux qui pourraient le plus y porter remède sont précisément ceux qui l'entretiennent. Que faire à cela ; n'avoir pas plus peur de ce choléra que de l'autre, et le laisser user comme l'autre ; tout ce qui n'est point en sympathie avec l'esprit national doit nécessairement être de courte durée, et certes le ministère actuel serait bien aveugle, s'il se croyait de la popularité. Nous nous portons tous bien en dépit de l'épidémie, ce qui est bien heureux, vu le nombre de personnes qui composent notre famille. Elle est encore augmentée depuis votre départ de Paris. Mathilde a épousé Mr Bureaux de Pusy, fils d'un membre de l'assemblée constituante, prisonnier d'Olmütz avec mon père. J'espère mon cher monsieur Guittère que ma lettre vous trouvera en bonne santé, et que vous voudrez bien agréer l'expression de mes inaltérables sentiments pour vous. Georges W. Lafayette ---Lettre autographe de Georges-Washington La Fayette à Mr Guittière, 12 avril 1832, 2 p. ; AD 77, 1225 F 34
Lecture d'archives
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Extrait du discours de La Fayette demandant des États généraux en 1787 (AD77, 8[6003/2) 01:55
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Lettre de La Fayette au libraire Charles Pougens pour enrichir sa bibliothèque, 1805 (AD77, 1225F30) 04:24
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Lettre de La Fayette à un électeur sur la situation politique, 1820 (AD77, 1225F32) 01:41
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Rapport de gendarmerie sur le retour de La Fayette, 9 octobre 1825 (AD77, 5R57-1) 00:55
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Rapport de gendarmerie sur le retour de La Fayette des États-Unis, 10-11 octobre 1825 (AD77, 5R571) 00:56
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Lettre du sous-préfet de Coulommiers sur les activités politiques à La Grange-Bléneau, 1826 (AD77, M10191-1) 01:29
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Lettre de La Fayette au boulanger Lambert sur son pétrin mécanique, 1828 (AD77, 1225F1) 01:33
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Lettre de La Fayette sur la situation politique, 24 juillet 1830 (AD77, 1225F5) 01:44
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Lettre de Georges Washington La Fayette évoquant la vie au domaine de La Grange-Bléneau, 1832 (AD77, 1125F34) 04:05
L'histoire en quelques dates clés
6 sept. 1757 - Naissance à Chavaniac (Auvergne) |
Avril 1777 - Commande une division dans la guerre de l'indépendance américaine |
1781 - Victoire de Yorktown |
1787 - Demande la convocation d'états généraux |
Juillet 1789 - Présente un projet de déclaration des droits de l'homme et du citoyen |
1792-1797 - Prisonnier en Autriche |
1792-1797 - Prisonnier en Autriche |
Juillet 1830 - Rôle décisif dans l'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe |
20 mai 1834 - Mort à Paris |
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VOIR AUSSI
Sur ce site
Sur Internet
- Site Internet "Histoire en ligne" Biographie de La Fayette
- Site Internet du Château de Versailles La Fayette, personnage de la cour
- Site Internet du Lafayette College (Easton, États-Unis) La captivité de La Fayette à Olmütz (page en anglais)
- Site des Archives départementales de Haute-Loire Documents consultables en ligne liés à La Fayette
- Site Internet de la Fondation Chambrun Fondation ayant pour objet la gestion du château de Lagrange et des archives qui s'y trouvent