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La famille Petit

Une famille dans la Résistance

La cordonnerie de Dammarie-lès-Lys

Robert Petit (1901-) est un cordonnier établi à Dammarie-lès-Lys depuis 1922. En 1940, sa famille compte 8 enfants de 3 à 15 ans. À l’arrivée des Allemands, la famille part en exode, mais parvient à rouvrir la cordonnerie en septembre. Le magasin devient alors un point de rencontre pour ceux qui refusent la collaboration et la défaite. Ces personnes forment un groupe de l’Organisation Spéciale (OS), groupe armé du Parti communiste français.

Malgré la fusillade à « La Glandée » à Chailly-en-Bière, la cordonnerie Petit est toujours un lieu de rendez-vous pour les résistants et sert de cache pour le matériel. Sous les piles de chaussures et dans les placards, sont camouflés une ronéo, une machine à tirer les tracts, et parfois même des armes.

Marcel Petit (1926-2010), résistant et déporté 

L’un des fils de Robert Petit, Marcel est alors en apprentissage dans l’atelier familial. Le contact avec Zgoda Ladislas, l’un des ouvriers de la cordonnerie, ancien des Brigades Internationales et instructeur du groupe de l’OS de Seine-et-Marne, renforce ses convictions. Marcel Petit écoute, observe et accepte ses premières missions pour la Résistance. Il s’agit de récupérer, de nuit, des tracts en gare de Melun. Ces tracts dénoncent la politique du gouvernement de Vichy et appellent les Français à la Résistance.

Le 22 avril 1942, la police arrête Marcel Petit avec René Péron et Raymond Pélouas à Dammarie-lès-Lys. Ils sont incarcérés à la maison d’arrêt de Melun avec Lucien Gantier et Roger Beuve, deux résistants de Vaux-le-Pénil et Georges Rousset, de Champagne-sur-Seine. Robert Petit quitte alors Dammarie-lès-Lys pour rejoindre le maquis de Buzançais dans l’Indre où il participe à la Libération. Le 27 juin 1942, Marcel Petit et les autres résistants sont déportés NN (Nacht und Nebel) pour être jugés à Breslau en Silésie. Deux d’entre eux, Beuve et Gantier, sont condamnés à mort et décapités en juin 1944.

Muguette Petit (1925-2024), une adolescence sous le signe de la Résistance

Aînée de la famille, Muguette entre elle aussi dans la Résistance. Agée de 15 ans, elle distribue des tracts pour l’OS dès mars 1941, puis pour le Front National. Après l'arrestation de Marcel, elle devient agent de liaison en 1942, sous le nom de « Colette » puis « Chapu ». Dirigée par Lucien Boutet, chef Francs-Tireurs et Partisans (FTP), elle recrute et cache des réfractaires pour la Résistance, contribuant à multiplier de petites équipes pour la Région 14 des FTP et à créer le maquis de Saint-Mammès. Pour le Front patriotique de la Jeunesse, elle cache du matériel de propagande et distribue de la presse clandestine. Active dans la Libération de Dammarie-lès-Lys le 22 août 1944, Muguette Petit – qui n’a pas l’âge de voter – réunit notamment le Conseil Local de Libération, dont elle est le 5e adjoint jusqu’aux élections municipales de 1945, et arrête des collaborateurs.

Témoins et acteurs de la Mémoire

Si Georges Rousset et René Péron meurent en camp de concentration, Raymond Pelouas et Marcel Petit reviennent en mai et juin 1945, survivants de près de deux ans passé dans les camps de concentration. Marcel Petit témoignera toute sa vie de son vécu auprès des jeunes générations françaises et allemandes et sera président de l'association des déportés, internés résistants et patriotes de Seine-et-Marne. Décédé en 2010, la municipalité de Dammarie-lès-Lys a attribué le nom de « Marcel Petit » à la rue de la Déportation en 2012.

Muguette Petit, devenue Mme Chesnais, contribue aussi à la mémoire de la Résistance, en participant notamment à l'organisation des commémorations du 60e anniversaire de la Libération et en donnant témoignages et archives (fonds J1245). Elle décède durant l'été 2024, année des 80 ans de la Libération.

 

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