Barbizon, village de lettres

Avec Isabelle Rambaud, conservatrice générale honoraire du patrimoine. 

Mondialement connu pour ses peintres, le village de Barbizon l’est moins pour ses auteurs et ses écrivains. Les artistes ont bénéficié des salons, du pouvoir de l’image, de l’attrait des soirées animées à l’auberge. L’écrivain lui, travaille seul et doit ensuite compter sur la presse ou le bouche-à-oreille pour se faire connaître.

Pourtant, c’est aussi grâce aux témoignages écrits, aux poèmes, aux nouvelles que s’établit au début du XIX^e siècle la réputation de Barbizon. Un lieu rêvé se dessine alors qui attire des auteurs en résidence pour des œuvres fondatrices : les frères Goncourt en 1867 avec Manette Salomon, Hyppolite Taine et son traité De l’Intelligence, Stevenson et ses Forest notes en 1876.

Mais c’est dans l’entre-deux-guerres surtout que les auteurs viennent y chercher la tranquillité et l’inspiration : Francis Carco, Albert T’Serstevens, Roland Dorgelès, André Rouveyre, André Billy ou la traductrice méconnue Marie-Cécile Logé dite Marc Logé. Sans parler d’Apollinaire, Philippe Soupault Colette, Jacques Prévert ou Cocteau. Tous, par leur résidence ou leur passage, ont contribué à bâtir un imaginaire « village de lettres », tandis que la presse se chargeait aussi de relayer de bien réels faits divers.