Ce modèle d’abnégation ouvrait la voie à partir de 1891 aux archivistes-paléographes formés à l’École nationale des chartes (créée en 1821). Plusieurs d’entre eux doivent être signalés, le premier Adolphe Hugues de 1891 à 1919, mais surtout Jean Hubert, membre de l’Institut, qui, à son tour fit preuve d’une magnifique longévité professionnelle de 1926 à 1956. Spécialiste d’archéologie médiévale et d’histoire de l’art, cet historien passionné accumula les articles et les publications et acquit une réputation internationale. Son travail à la tête des Archives de Seine-et-Marne lui permit de publier de nombreux inventaires (clergé séculier et régulier) et les catalogues de manuscrits. Par ailleurs sa pratique des commissions parisiennes, son souci de la protection et de la mise en valeur du patrimoine en firent un ardent défenseur de l’aménagement du territoire et, avant l’heure, celui de la décentralisation (discours à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1966).
Depuis ces quarante dernières années, de fortes personnalités se sont succédé, précédant puis accompagnant précisément cette décentralisation qui, à partir de 1986, a mis les Archives départementales à la disposition des Conseils généraux : Jean Quéguiner 1956-1973, Charles-Henri Lerch 1973-1980, puis, Gérard Ermisse qui, de 1980 à 1986, mit en œuvre une pratique patrimoniale forte associant archives, monuments historiques, archéologie, conservation des antiquités et objets d’art puis musées départementaux, et en initiant le projet du nouveau bâtiment.
Martine Cornède, première femme archiviste de ce département, a poursuivi l’œuvre de ses prédécesseurs de 1986 à 1995. De 1996 à 2018, Isabelle Rambaud, conservatrice générale du patrimoine, a assuré la direction des Archives départementales, longtemps indissociables du patrimoine et des musées départementaux (1996-2014). Depuis 2018, c'est Joseph Schmauch, conservateur en chef du patrimoine, qui dirige les Archives départementales. À ses côtés, des équipes dynamiques et compétentes constituent le moteur vivant et sensible de cette « machine à traiter les archives » au service du public, quelle que soit son origine.