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Site antique de Châteaubleau : analyse archéobotanique des bois gorgés d'eau

Présentation

Kahina Maames

Kahina Maames a commencé ses études supérieures à l’Université d’Alger. Elle y a obtenu son diplôme d’ingénieur d’état en biologie et y a préparé un magistère en Écologie et Environnement. Elle a ensuite soutenu un diplôme d’études approfondies (D.E.A.) en biosciences de l’environnement, chimie et santé à l’Université d’Aix-Marseille et obtenu un diplôme d’expert micrographe des bois à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris.

Depuis 2006, elle prépare un doctorat en Histoire et Archéologie des Mondes Anciens, option Milieux, cultures et sociétés du passé à l’Université de Paris X – Nanterre. Elle participe aux fouilles du site antique de Châteaubleau.

Entretien

Quel est le sujet de votre thèse ?

Mon sujet de thèse porte sur le site antique de Châteaubleau qui fait l’objet d’un programme de recherche pluridisciplinaire créé à l’initiative de trois partenaires : l’association archéologique de Châteaubleau (La Riobé), le Centre National de Recherche Scientifique (C.N.R.S.) et l’Université de Paris X – Nanterre. Ces travaux visent une meilleure connaissance du site antique tant dans ses dimensions structurantes (périmètres monumental, urbain et périurbain) que dans ses dimensions culturelles, économiques et temporelles, ainsi que dans son environnement (Van Ossel, 2005).

Sur quels aspects de ce site antique vos recherches portent-elles ?

Dans le cadre de ce projet collectif, je me consacre à l’étude de bois gorgés d’eau provenant de puits gallo-romains, mis au jour dans des secteurs d’habitat et d’artisanat. L’objectif principal de ce travail est de mettre en évidence les modes d’exploitation de l’environnement boisé et la participation de celui-ci à l’économie rurale du site antique pendant au moins trois siècles d’occupation (IIe – IVe siècles ap. J.-C.).

Avez-vous déjà identifié certains types de bois présents dans les puits gallo-romains ?

Les premières identifications aboutissent à une importante diversité spécifique. Il s’agit de rejets volontaires, aussi multiples que variés et probablement issus de gestes répétés (branchages et formes travaillées). Les branchages sont récoltés aux environs immédiats des habitations ou dans des boisements de proximité.

Que peut-on apprendre de l’étude de ces différents bois ?

Les essences identifiées reflètent une végétation relativement ouverte, avec des espèces pionnières (saule, peuplier, bouleau), des taxons héliophiles caractéristiques de peuplements dispersés, de lisières ou de friches de reconquête ( rosacées pomoïdées et prunoïdées , noisetier, frêne, érable). L’abondance du saule et du peuplier, essences mésohygrophiles , traduit un substrat particulièrement humide que l’on peut mettre en relation avec les nombreux points d’eau qui environnaient le site.

Saule, peuplier, bouleau… sont-ils les seules essences découvertes ?

Nous avons également des arbustes (troène, buis, viorne, cornouiller, fusain) ou des lianes (chèvrefeuille, lierre, clématite) qui sont habituellement entretenus dans les haies et les jardins. Dans ces espaces, certains représentants de la famille des Rosacées sont cultivés pour leurs fruits (prunier, pommier, cerisier, pêcher) ou pour leur rôle défensif dans les haies (arbustes épineux tels que le prunellier ou l’églantier)..

En plus de leur utilité alimentaire et défensive, ces végétaux étaient-ils façonnés ?

Quelques fragments d’objets mobiliers sont retrouvés. Il s’agit de pièces tournées (bol, couvercle, pixyde), d’articles de toilette (peignes) ou de manches d’outils (serpettes). Ces objets en bois sont d’origine locale ou importée. En ce qui concerne les formes travaillées, nous avons principalement du chêne.

Les nombreux déchets de taille correspondants témoignent d’une activité artisanale locale. D’autres essences sont travaillées (frêne, aulne, charme, hêtre, érable, orme, sapin, buis), mais le chêne reste une essence de premier choix.