Culture & loisirs

Transmissions

Le 11 décembre 2012, les Archives départementales de Seine-et-Marne ont levé le voile sur leur nouvelle acquisition : une sculpture en céramique intitulée « Transmissions ». Rencontre avec son auteure, la céramiste Daniela Schlagenhauf et découverte de son œuvre…

Une pratique particulière de la poterie : le travail « à plat »

« Je viens du monde de la poterie mais, aussi loin que je me souvienne, lorsque je travaillais au tour, je travaillais aussi à plat. C’était des bas-reliefs ou des décors graphiques qui venaient s’ajouter à la pièce elle-même », explique-t-elle. Elle ajoute : « Depuis environ huit ans, je ne fais plus de tournage et travaille uniquement à la plaque. Le décor est devenu la pièce, en quelque sorte ! »

Des pièces d’une finesse et d’une délicatesse inouïes qui ne semblent en rien cautionner les propos suivants : « La poterie et, de manière générale, le travail de la terre, a un côté très archaïque. Il est question de relation au matériau, de traces qu’on laisse. Certaines poteries étrusques, d’une étonnante simplicité, « parlent » davantage que des pièces contemporaines pourtant, techniquement très abouties. »

L’écriture devient une trace symbolique mêlée à la céramique

Justement, qu’est-ce qui fait donc qu’une œuvre nous parle ou pas ? Le travail de Daniela Schlagenhauf mêle céramique et écriture : un texte « réel » est gravé à la main dans l’engobe coloré. S’il est rendu illisible par les manipulations de la céramiste et par la cuisson, il vient néanmoins charger d’une intention consciente chaque pièce - et ce, au-delà de la forme, de l’esthétique et du symbole. L’invisible nous dit alors quelque chose…

« Heureux si, en rentrant dans nos foyers… »

Le texte de l’œuvre commandée à l’artiste par les Archives départementales est tiré du premier registre des délibérations du Conseil général lors de la séance du 3 juillet 1790 :

« Heureux si, en rentrant dans nos foyers, si en venant nous réunir à vous, nous entendons une fois dire : « Ils ont été utiles à la Nation ».

Ce texte daté de la Révolution française est une référence forte à la création du Département et à l’action des conseillers généraux.

De fait, l’œuvre elle-même, est une triple composition, dans laquelle les différentes pièces entrent en résonance les unes avec les autres mais aussi avec le texte, dans le cadre de la mission des Archives départementales créées en 1796, et l’espace où elles sont exposées.

Une métaphore du rôle des Archives et de la transmission des documents

La première pièce - longue lanière de porcelaine bouclée sur elle-même - évoque le temps de l’écriture et celui de la transmission. La seconde, gravée du même texte et faisant la même longueur, évoque par sa forme alvéolaire, le stockage et la conservation. De fait, elle est complétée par de fins rouleaux de porcelaine comme autant de parchemins. L’œuvre, dans son ensemble, est travaillée en recto-verso aux couleurs du bâtiment : bleu et jaune.

Bien sûr, un texte explicatif accompagne Transmissions mais Daniela Schlagenhauf conclut : « J’espère que ce propos aide ceux qui en ont besoin à ressentir l’œuvre. Mais j’espère aussi que l’œuvre, sans explications, sans intellectualisation, résonne directement chez d’autres visiteurs. Pour moi, une belle pièce, c’est une pièce qui se suffit à elle-même… »

En savoir plus

Sur ce site

Galerie des trésors

Présentation du premier registre des délibérations

Archives 77

Sur Internet

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Présentation de l’œuvre et de son auteur Sylvie Guiot

Entretien avec Florent Moutti, artiste-peintre et présentation du portrait Fabio